Les espagnols font si si si si si. Les russes, da da da da da. Les plus nombreux, ce sont les américains, qui font ye ye ye ye ye. Les hollandais et les allemands, c'est pareil, font ya ya ya ya ya. Enfin je ne confonds pas les hollandais et les allemands, c'est juste qu'en l'espèce, ils font ya ya ya ya ya. Sauf que les allemands, ça dure drôlement longtemps, et ça recommence deux heures après. Et Monsieur aussi s'y met, pas ya ya ya mais ahhhhrraaah. Enfin, vous me direz, ne généralisons pas, des allemands il n'en est venu qu'une fois. Mais longtemps.
Et les français ne font rien. Je n'entends que très rarement mes voisins français, pourtant beaucoup plus nombreux. Donc soit ils ne font rien, soit ils ferment les fenêtres sur cour quand ils s'éparpillent les osselets sur la courtepointe.
A mon avis, il est là, le truc. Le touriste, il vient visiter Paris, il loue pour 2 ou 3 jours un petit appartement rue Lepic parce qu'elle est si tüpiche et elle est si douce Amélie Poulain jolie demoiselle, et puis ce n'est pas si loin de Pigalle uf uf uf, et le soir il rentre tout encanaillé et remonte la rue en dansant encore le french cancan c'est si gai ma Sue tu devrais t'acheter une robe comme les filles là comment font-elles oui lève la jambe honeySue. Dans la cour, il danse encore. Dans l'appart, il crie encore. Toutes fenêtres ouvertes. Il est là, le truc.
Je m'instruis, moi, depuis que ce studio juste en face de chez moi se loue ainsi. Je fais des analyses sociologiques, moi, la nuit, l'été.
Mais ceux dont je voulais vous parler, ce sont les anglais. Les anglais ne font pas ye ye ye ye ye. Non. Les anglais font de très charmants, très aigus, et très inspirés hin hin hao hao ha han han han han han hi, sur toutes les notes de la gamme.
L'autre jour, c'était la nuit, et la tempête venait de se calmer. Elle avait tonné, secoué, arrosé, et je l'avais adorée.
En Béarn, on ne sait jamais si une tempête est partie: elle peut être rapide à buter contre les montagnes et revenir grogner, pisser et taper du pied. Allez lui expliquer qu'il ne sert à rien de se taper la tête contre les murs mais qu'il faut les contourner. Elle arrive juste de son océan, elle veut passer, elle tourne elle râle elle mouille, elle gronde, elle revient, jusqu'à épuisement. C'est vert, le Béarn, un petit côté Normandie. En encore plus beau.
Elle était partie et peut-être encore là mais, pour rentrer chez les parents, j'avais envie de ne pas attendre les autres et de marcher. J'ai pris sur le buffet une tranche de jambon roulée, je suis sortie, je n'avais pas de lampe, c'était la pleine campagne, les nuages étaient toujours là, ni lune, ni étoiles. Le macadam était le moins noir. Le plus noir, c'était lui, le ciel. Je le soulevais avec les bras, il était là, c'est léger un ciel dans lequel on marche. Sur les bords, sous mes pieds il y avait des graviers. Alors je revenais au milieu. L'eau aussi est sur les bords. Au milieu, les touffes d'herbe sur les chevilles et les mollets, et les gouttes qui montent. En fonction du noir des buissons, leur espèce et leur profondeur. Chacun son noir.
Même les vaches étaient noires. Même leurs cornes étaient noires. Je les entendais seulement, je ne les voyais pas. Si un jour je suis dans le coma, venez me voir si vous m'aimez, venez me parler, le soir laissez-moi un chien, le mien, et la nuit, seule, le bruit des vaches qui soufflent et grognent. Sans doute suis-je née dans une crêche.
Le Béarn est béni des dieux. Même la nuit aime ce pays.
Les prés étaient noirs, les arbres encore noirs.
Le jambon de pays n'est pas mesquin,il est doux et fort et fondant, et en tranches épaisses qui se croquent sans venir en entier comme dans les sandwichs d'ailleurs avec les cornichons. Il m'emplissait si fort, le vent soufflait si frais, je n'ai pas senti la terre mouillée, la douceur âcre des fins de pluie. J'avais le vent tout vif, le sel du jambon, et la découverte d'un noir, et d'un noir, et d'un nouveau noir, et encore d'un noir. J'aime imaginer, mais jamais je n'ai su aller si loin, si doux, si vivant et si piquant que ces moments d'émerveillement où le coeur remplit jusqu'à la peau. Cette nuit là j'étais tous sens comblés, battant de la merveille et de l'enchantement.
Au fond, où la montagne est couchée, le Pays Basque était bleu. Dès qu'ils peuvent se faire remarquer...
Je dis ça parce qu’il faut que je quitte mon appartement, et j’ai 2 conseils à vous demander.
Si quelqu’un a des bons plans à me donner pour trouver un nouvel appartement, à Paris, je suis preneuse. Comme les mutuelles qui ont des parcs d’immeubles, enfin les circuits un peu parallèles, vous voyez.
Et vous voyez aussi, je déménage vraiment, ce n’est pas une histoire d‘araignée enrhumée sous le scalp, je suis saine de corps et d’esprit.
Et puis je dis ça parce que j’ai l’intention de n’emporter que le tiers de mes affaires.
Direction zen, dénuement, simplicité.
Or, j’aime les boules. Les mappemondes, les trucs ronds de toutes sortes. Oui on peut dire cela sans avoir des idées derrière la tête, vraiment.
Donc : qu’est-ce que j’emporte comme boules ?
J’emporte celles-là ?
Et j’en ai d’autres, vous vous doutez bien.
C'est ma grande question du moment, entr'autres questions existentielles de premier plan.
Figurez-vous que, chez kek, au lieu de jouer tranquillement et de gagner des pièces d’or Ilélooooorrrr Monssignoooorrrr, je fais des tableaux de boules. C’est vous dire.
Et ce qui me déstresse le mieux mieux mieux, c’est de faire clingter les planètes les unes sur les autres. J'adore, j'adore.
Donc j’ai peur, si je me prive de boules chez moi, si je m’en prive trop, de devenir obsédée de la recherche de boules, dans la rue sur le web partout, de me mettre à faire collection de photos de boules, enfin une compulsion compensatoire en quelque sorte.
Je m’interroge. Un conseil ? Pliiiiiise.
Ah oui, moi c’est pareil avec mes amis. La plupart.
Non, je ne les mange pas, eux non plus il faudrait avoir grand faim. Et ils n’ont pas non plus de petite queue ridicule à l’arrière avec des oreilles ridicules aussi et ils ne font pas de provisions dans leurs joues, ou pas tous.
Non vous ne me suivez pas, je le crains. Pourtant c’est intéressant, je parle de mes amis.
C‘est parce qu’on m’a expliqué, et je me dis que c’est peut-être ce qui s’est passé ici, on m’a expliqué qu’en général les propriétaires de serpents leur donnaient à manger des souris congelées. Donc, par le fait, mortes. Ici ça ne semble pas tellement être le cas, il ressemble moyennement à Hibernatus le petit bestiau gris. D’un joli gris, d’ailleurs. Mais comme parfois on fait les trucs un peu vite, on bâcle un peu, parce qu’il faut bien et qu’on aimerait bien pouvoir tout peaufiner mais la vie est ainsi faite, je me dis que peut-être ici, le petit bestiau a été donné vivant pour aller plus vite, ou parce que la machette était au sale, que sais-je. Mais d’habitude on les donnerait, donc, congelés parce, m’a-t-on dit, si le serpent n’a pas faim tout de suite, il laisse sur le bord de son assiette, comme le gras du bifteck. Et si la souris, vivante, laissée là, se met à vadrouiller dans la cage, si elle y fait sa vie pendant 24 h, eh bien figurez-vous que le serpent ne la mangera plus jamais. Elle est devenue sa copine, une histoire de reconnaissance de territoire assez subtile et sur laquelle je ne m’étendrai pas parce que j’en ignore tout. Mais en tout cas, ce n’est plus son déjeuner, c’est sa copine.
- Hop hop hop, ça fait 24 h là, il y a des délais légaux mon coco
- Ouh pardon, je désole, autemps pour moi ptit gars
- Ben oui mais faut faire attention, ya des procédures quand même
- Ah mais t’es mon copain, pas de souci, bienvenue
- Tu sens un peu fort. Non ? Ou c’est moi.
Et là, vous me voyez venir avec mes amis. Ah.
J’ai appris aussi, à ce propos, que certains animaux avaient des doudous. Mon chien Nouf, par exemple. Mais même les chevaux de course, il paraît que ceux qui sont sensibles et impressionnables, ou un peu angoissés, avec toute cette pression, eh bien on met dans leur box un mouton, ou un lapin, et ça devient leur doudou. On trimballe le mouton ou le lapin dans le van de course en course, de Pau à Chantilly, et ça bêle à Auteuil.
Après chaque course, le cheval est tout rasséréné de retrouver son copain à lui, même s’il a perdu et que son propriétaire est ruiné à cause de lui. C’est incroyable, non ? On m’a dit ça, je trouve ça extrêmement touchant. Mais bon, je ne suis pas une pro des canassons et même j’en ai un peu peur.
Parce que, avec pas mal de mes amis, ça ne s’est pas hyper bien passé au début. Pourtant je suis une crème. Donc je ne comprends pas.
Mais en tout cas, souvent des gens avec qui je me fritais un peu au début (malgré ma crèmitude, donc) (crèmerie ?) (crémation ?) sont devenus des très proches, des préférés, des essentiels.
Sans doute parce que ce que je préfère chez les gens, c’est la sous-couche. Le fond.
J’ai vérifié dans le dictionnaire pour trimballe, et il y a bien deux L, ce qui me réjouit. Mais c’est d’autant plus injuste pour balade, je trouve, qui est d’une mesquinerie proche de la fainéantise, on ne va pas loin avec un seul L.
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