Dans le bus, le 80.
Impossible de lire, impossible de penser, de rêver, de regarder la rue, mes yeux sont aimantés. Je les repousse ils se scotchent, je me lasse de la lutte, eux pas.
Ils ne peuvent pas ne pas regarder cet homme qui parle avec son fils en lui caressant le cou. Oui son fils: mon doute, à les entendre, s'est vite enfui.
Fils de 16 ans beau comme un ado, qui parle avec son père. Fils de 12 ans, plus loin, même visage, même air fier et tendre, qui tourne et tourne et tourne entre ses doigts son MP3 tout fin tout plat tout blanc tout neuf.
Mes oreilles ne peuvent pas ne pas entendre cette conversation où de l'intime sourd encore l'émerveillement. Un intime trop peu usé, une relation trop peu vécue, c'est visible, la tendresse diffuse fort, la douleur perce.
Je regardais ses fils en admirant, incluse dans leur tendresse, et cet homme m'a souri. Fier.
Ils descendent et monte un homme, avec son fils. 10 ans, bavard, gigoteur. Il regarde peu son père, lui le quitte peu des yeux. Les miens sont scotchés, encore. Quand le fils s'interrompt, le père raconte son appartement, bribe par bribe.
Oui il déménagera, oui papa, mais l'année prochaine, ou alors après le collège.
Je regardais son fils avec tendresse et cet homme m'a souri.
Qu'ont-ils ces hommes du samedi, à sourire à une inconnue qu'ils ignorent en semaine ? Qu'ont-ils à tant aimer la complicité d'une tendresse qui force le regard d'une femme ? Quelle puissance de manque leur donne cette fierté douce et ce bonheur gêné ? Sensation de diamants trop taillés.
ces papas du samedi sont fiers et ont besoin qu'on les voit, on besoin qu'on leur dise d'un regard que se sont de bon pères
Rédigé par : kheyliana | lundi 30 avr 2007 à 09:43
quel joli texte !!!
merci....
Rédigé par : emmanuelle | lundi 30 avr 2007 à 14:18
Merci Emmanuelle !
Rédigé par : hoplàlavoilà | lundi 30 avr 2007 à 15:03
comme c'est bien dessiné !
Rédigé par : Clo | lundi 30 avr 2007 à 20:54
"...sourdE l'émerveillement...", il manque un "e"
Rédigé par : clape | dimanche 13 avr 2008 à 12:11